Les amis de Grandchamp



Document procuré par Dominique Schiochet


" RÈGLEMENT DU PETIT SÉMINAIRE DE VERSAILLES "


RÉFLEXIONS PRÉLÉMINAIRES


« Quicumque hanc regulam fuerint, pax super illos» (Gal.VI,16).


Le Petit Séminaire de Versailles est établi pour préparer au Sacerdoce les élèves que la Providence y a conduits et, par conséquent, tout doit y être réglé de manière à faciliter aux jeunes gens qui l’habitent l’acquisition de la vertu et des connaissances que demandent l’étude et l’approfondissement d’une vocation aussi sainte.

Le règlement est l’ensemble des articles qui, tout à la fois fixent et définissent l’esprit du Séminaire. Il ne suffit pas de faire les choses, il faut en outre les faire bien. Le devoir des maîtres est de tenir au maintien et à l’accomplissement des règles établies, maintien constant et accomplissement exact. On n’oubliera jamais que les règles tracées dans ce document ne veulent que soutenir et stimuler la générosité personnelle des garçons et la ferveur de la Communauté.



RÈGLES GÉNÉRALES



LE SILENCE


Le silence est de règle en dehors du temps de la récréation. C’est le silence qui est l’ÂME du règlement, la condition indispensable de l’esprit de piété, de l’ordre et de l’application au travail. Il doit être apprécié comme un élément important de la formation tant personnelle que communautaire.



L’OBÉISSANCE


Il est demandé à tout séminariste de porter obéissance, déférence et respect à tous ceux qui sont chargés de les diriger, de les surveiller et de les instruire.

L’obéissance exige que l’on ne réplique jamais ni à une réprimande ni à une injonction. Le devoir est de se soumettre d’abord, en étouffant les sentiments d’orgueil et d’amour–propre froissé, sauf à s’expliquer respectueusement plus tard, s’il y a lieu.

La subordination doit exister de même envers les élèves que les supérieurs auraient chargé d’exercer quelque part la surveillance, en étude, au réfectoire, à la sacristie, à la gymnastique ou ailleurs.



RELATIONS AVEC LES CONDISCIPLES


1º La charité doit régner entre tous les Séminaristes. Ils sauront qu’il n’y a pas de charité sans respect mutuel. Ils veilleront avec grand soin à se montrer toujours et partout, les uns à l’égard des autres, polis et respectueux des bonnes manières.

2º Autant la charité mutuelle est nécessaire et avantageuse, autant on doit éviter ce genre de liaisons qu’on appelle amitiés particulières qui ne sont qu’une caricature de la véritable amitié.

3º Il leur est demandé de se montrer affables et courtois envers tous, et particulièrement à l’égard des nouveaux venus, qu’ils doivent accueillir avec prévenance et bonté.


DIVISION DES COURS


1º Les Séminaristes sont partagés en trois divisions : les 3 premières classes (Philosophie, Première et Seconde) forment la division des GRANDS; les classes de Troisième, Quatrième et Cinquième, celle des MOYENS. La division des PETITS se compose des classes de Sixième.

2º La séparation est complète entre les trois divisions.

3º Les frères ou proches parents qui appartiennent à des divisions différentes peuvent se voir à des jours et heures déterminés, avec la permission de M. le Prèfet de division.



RÈGLES PARTICULIÈRES


ARTICLE I : ON DOIT TOUJOURS ÊTRE AVEC LA COMMUNAUTÉ

1º Si l’on a besoin de s’absenter d’un exercice, il faut en demander la permission à celui qui préside et le prévenir de son retour.

Quand on se trouve en dehors de la communauté, il faut éviter avec grand soin, tout ce qui est contraire au bon ordre ou ce qui pourrait troubler le silence général, comme de crier, chanter, faire du bruit dans les escaliers, sous le hall et la galerie qui conduit à la Chapelle.

2º Pour aller au dortoir, à la lingerie, à l’infirmerie, la permission est réservée à M. le Prèfet de division.


ARTICLE II : ÉTUDE

1º L’Étude commence et se termine par la Prière.

2º On doit se hâter de prendre dans son pupître tous les livres dont on a besoin pour étudier les leçons ou faire les devoirs prescrits pendant la classe.

3º On doit donner à chaque devoir et à chaque leçon le temps assigné par le professeur.

4º Il est défendu de quitter sa place en étude sans en avoir obtenu préalablement la permission.

5º Si l’on a obtenu la permission de parler pour demander un renseignement, on doit le faire rapidemment et à voix basse.

6º Tout élève qui arrive en retard en étude, doit prévenir M. le Préfet ou celui qui préside de son retour, présenter son “Redeat” et faire sa prière en particulier, avant de se livrer au travail.

7º Deux minutes avant la fin de l’étude, au signal donné, on doit ranger tous ses livres et les remettre en ordre dans son pupître.


ARTICLE III : RANGS

1º Pour se rendre d’un endroit à un autre, soit de l’étude à la récréation soit à la Chapelle, au réfectoire, etc… les élèves vont normalement en rang deux à deux, et en tout cas, toujours en silence.

2º On ne doit pas quitter sa place, sous quelque prétexte que ce soit, sans en avoir demandé et obtenu la permission.


ARTICLE IV : RÉCRÉATIONS

1º Les élèves attendent en rangs et en silence que le signal de la récréation soit donné par celui qui doit la présider. Ils doivent éviter de pousser des cris à ce moment.

2º C’est une obligation stricte pour tous les élèves de jouer et de ne pas passer leur temps à des conversations ou à des lectures. Ils s’abstiendront de jeux violents, de jeux de mains; ils éviteront les familiarités choquantes, les expressions vulgaires et veilleront à ne pas former des groupes de deux.

3º Il n’est jamais permis de quitter le lieu de la récréation sans la permission de celui qui la préside; on doit également le prévenir de son retour. Cet article s’applique à tous ceux qui ont obtenu, pour le temps de la récréation, certaines permissions générales, par exemple : s’exercer au piano, à l’orgue, se rendre à l’infirmerie, etc…

4º On doit prendre ses dispositions pour n’être pas obligé d’aller dans la salle d’étude pendant la récréation. Cinq minutes avant la fin de la récréation, les jeux doivent cesser : cela s’applique également à ceux qui s’exercent sur les instruments de musique.

5º Au premier son de la cloche annonçant la fin de la récréation, tout bruit doit cesser aussitôt, le silence se rétablir à l’instant, et chacun se mettre tranquillement en rang pour se rendre à l’exercice prévu par le règlement.


ARTICLE V : RÉFECTOIRE

1º On doit garder le plus grand silence au réfectoire. Quand il est accordé la permission de parler, il faut le faire avec modération et sans crier. Au signal donné à la fin du repas, toute conversation doit cesser immédiatement.

2º Il n’est pas permis d’emporter du pain hors du réfectoire.

3º Après la lecture pieuse faite à la fin du déjeuner et du souper, les élèves répondent “Deo gratias”, et ils se lèvent sans tumulte pour dire les Grâces.

4º On doit s’efforcer d’observer toutes les règles dictées par les convenances, la charité et la bienséance. On juge du caractère d’un enfant ou d’un jeune homme pendant la récréation, et de son éducation à son maintien à table.


ARTICLE VI : DORTOIR

1º Le silence le plus absolu, l’ordre le plus parfait et la plus exacte modestie doivent règner au dortoir. Le silence qui est imposé depuis la Prière du soir jusqu’au lendemain matin après la messe de Communauté, se nomme “le Silence Sacré”. Cette obligation du silence ne souffre pas d’exception, et les élèves qui, pendant la journée et pour des raisons spéciales, se rencontreraient au dortoir, sont rigoureusement tenus de l’observer.

2º Le soir, on se rend au dortoir en rangs et en silence.

3º Si l’on a quelque permission à demander, on doit le faire brièvement et à voix basse.

4º Il est défendu de se lever le matin avant le signal de la cloche et de rester couché sans en avoir obtenu l’autorisation. Celui qui se sentirait malade, devrait prévenir le surveillant qui en aviserait M. le Prèfet de Division.


ARTICLE VII : CHAPELLE

1º En arrivant à la Chapelle, les élèves ne doivent faire la génuflexion que lorsqu’ils sont arrivés à leur place; on se met à genou que lorsque le signal en a été donné à toute la Communauté.

2º Avant de sortir de la Chapelle, on fait la génuflexion, banc par banc, au moment où les élèves du banc précédent commencent à défiler.

3º Tous les élèves doivent prendre part aux chants de la Chapelle. Ceux que la fatigue de la voix ou toute autre raison empêcherait de chanter, doivent s’unir par l’attention aux chants éxécutés par la Communauté.


ARTICLE VIII : PROMENADES – SORTIES – VISITES AU PARLOIR

1º Quand on sort en groupe, on ne rompt le silence qu’après avoir franchi la porte du Séminaire, mais on continue de rester groupé tant qu’on est en marche.

2º Arrivés au but de la promenade, les élèves écouteront avec attention les recommandations de celui qui préside la promenade, afin de bien connaître les limites qu’il ne faudra pas dépasser.

3º Nul ne doit franchir ces limites sans avoir demandé et obtenu la permission, la violation de cette règle serait considérée comme une faute très grave.

4º Le temps de promenade est réservé à la marche, au jeu et au sport.

5º Il est défendu d’acheter sans permission.

6º Les élèves veilleront avec soin à avoir une bonne tenue. Le laisser–aller et le mauvais ton deviendraient facilement un scandale.

7º Les élèves ne peuvent recevoir de visites qu’au parloir, et seulement aux heures de récréation. A tout autre moment, il faut une permission expresse de M. le Préfet de Division.

8º Les personnes admises à visiter les élèves sont leurs parents, tuteurs ou protecteurs, leurs correspondants, connus de M. le Supérieur et autorisés par lui.

9º Les enfants et les jeunes gens seuls ne peuvent entrer au parloir sans une autorisation spéciale de M. le Supérieur.

10º Les élèves du Grand Séminaire ne peuvent voir leurs anciens condisciples que dans la cour et aux heures de récréation.

11º Les élèves sorties de la Maison ne peuvent visiter leurs anciens condisciples qu’avec une permission expresse de M. le Supérieur.

12º Les élèves veilleront à ne se présenter au parloir que dans une tenue propre et convenable.

13º Il n’est pas permis d’introduire dans la Maison des personnes étrangères ou même des parents, de les conduire au dortoir ou ailleurs, sans une autorisation spéciale.

14º Les élèves peuvent sortir en ville avec leurs familles ou aller dans leurs familles, le dimanche à partir de 11 h 30 jusqu’à 18 heures en hiver et 18 h 30 en été.

15º Il y a une grande sortie toutes les trois semaines depuis le samedi 16 h 30 jusqu’au dimanche à 20 h 30 en hiver et 21 heures au troisème trimestre. Le calendrier des sorties familiales est communiqué au début de chaque trimestre.

16º Aucune sortie exceptionnelle ne peut être accordée sans avoir été demandée, plusieurs jours auparavant, auprè de M. le Supérieur. On doit lui faire connaître le motif de la demande et il se réserve le droit de juger de l’opportunité de cette sortie.

17º Sauf permission spéciale de M. le Supérieur, les élèves ne sont pas autorisés à passer leurs dimanches ou leurs sorties dans la famille de l’un de leurs camarades.

18º Toute absence, tout retard doivent être excusés et légitimés par une lettre remise à M. le Supérieur.


ARTICLE IX : RECOMMANDATIONS GÉNÉRALES

1º Tout livre, excepté les ouvrages en usage dans le Séminaire, doit porter le visa de M. le Supérieur.

2º Il est défendu aux élèves de donner la moindre commission aux employés et aux élèves qui ont obtenu la permission de sortir. Toute infraction à cet article constitue une faute grave et peut même entraîner l’exclusion.

3º Il est défendu aux élèves de faire des échanges ou des marchés entre eux, d’emprunter de l’argent à leurs condisciples.

4º Tout élève qui a cassé un objet quelconque, doit le déclarer au maître présent à ce moment; il devra, en outre, faire un billet pour M. l’Économe.

5º Tous les effets, livres, cahiers, appartenant aux élèves doivent être marqués à leur nom.



ÉDIFICATION MUTUELLE


Les élèves trouveront dans toutes ces règles un puissant secours pour leur éducation religieuse, morale et intelectuelle. Si elles sont observées avec ponctualité et esprit de foi, elles les aideront à acquérir les vertus qu’exige leur sublime vocation.

De plus, ils doivent avoir une horreur profonde pour tout ce qui pourrait corrompre dans les âmes la foi et l’innocence. Aussi, c’est une obligation et un devoir de charité, rigoureux et sacré pour chacun d’eux, de protéger la vertu de leurs condisciples contre la perversité de ceux qui seraient capables de se permettre des propos ou des actes contraires à la Foi ou à la Morale.

Or le seul moyen de remédier à ce grand mal et de sauver les âmes en danger, c’est de s’adresser à celui des maîtres que l’on voudra et de faire connaître, simplement, le mal caché qu’il est indispensable de découvrir pour en détruire la cause.

Reculer devant l’accomplissement d’un semblable devoir, serait se faire complice du mal et responsable de ses funestes progrè.



SANCTIONS - MOYENS DE DISCIPLINES - PUNITIONS


1º La punition en général doit être regardée par un enfant chrétien comme une pénitence publique nécessaire pour réparer un scandale ou une malédification donnée à tout le Séminaire. Mais nous n’admettons point qu’un élève, une fois la pénitence faite, soit entièrement quitte devant la Règle et devant les maîtres : le regret sérieux, la manifestation sincère du repentir, voilà ce que nous voulons trouver dans les garçons.

2º La punition doit être acceptée :

3º Les punitions en usage dans le Séminaire sont les suivantes :

4º Quand tous les degrés de punition ont été épuisés vis–à–vis de l’élève, il ne nous reste plus qu’un moyen de répression, c’est l’exclusion.

En voici les cas :

Le renvoi d’un élève est à nos yeux une mesure excessivement grave. Aussi n’userons–nous de ce moyen extrême de discipline dans le cas précité, que lorsque tout espoir d’amélioration sera perdu, ou bien lorsque la faute sera telle que l’intérêt ou l’honneur de la Maison l’exigeront.


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