Le Petit Séminaire de Versailles est établi pour préparer au Sacerdoce les élèves que la Providence y a conduits et, par conséquent, tout doit y être réglé de manière à faciliter aux jeunes gens qui lhabitent lacquisition de la vertu et des connaissances que demandent létude et lapprofondissement dune vocation aussi sainte.
Le règlement est lensemble des articles qui, tout à la fois fixent et définissent lesprit du Séminaire. Il ne suffit pas de faire les choses, il faut en outre les faire bien. Le devoir des maîtres est de tenir au maintien et à laccomplissement des règles établies, maintien constant et accomplissement exact. On noubliera jamais que les règles tracées dans ce document ne veulent que soutenir et stimuler la générosité personnelle des garçons et la ferveur de la Communauté.
Le silence est de règle en dehors du temps de la récréation. Cest le silence qui est lÂME du règlement, la condition indispensable de lesprit de piété, de lordre et de lapplication au travail. Il doit être apprécié comme un élément important de la formation tant personnelle que communautaire.
Il est demandé à tout séminariste de porter obéissance, déférence et respect à tous ceux qui sont chargés de les diriger, de les surveiller et de les instruire.
Lobéissance exige que lon ne réplique jamais ni à une réprimande ni à une injonction. Le devoir est de se soumettre dabord, en étouffant les sentiments dorgueil et damourpropre froissé, sauf à sexpliquer respectueusement plus tard, sil y a lieu.
La subordination doit exister de même envers les élèves que les supérieurs auraient chargé dexercer quelque part la surveillance, en étude, au réfectoire, à la sacristie, à la gymnastique ou ailleurs.
1º La charité doit régner entre tous les Séminaristes. Ils sauront quil ny a pas de charité sans respect mutuel. Ils veilleront avec grand soin à se montrer toujours et partout, les uns à légard des autres, polis et respectueux des bonnes manières.
2º Autant la charité mutuelle est nécessaire et avantageuse, autant on doit éviter ce genre de liaisons quon appelle amitiés particulières qui ne sont quune caricature de la véritable amitié.
3º Il leur est demandé de se montrer affables et courtois envers tous, et particulièrement à légard des nouveaux venus, quils doivent accueillir avec prévenance et bonté.
1º Les Séminaristes sont partagés en trois divisions : les 3 premières classes (Philosophie, Première et Seconde) forment la division des GRANDS; les classes de Troisième, Quatrième et Cinquième, celle des MOYENS. La division des PETITS se compose des classes de Sixième.
2º La séparation est complète entre les trois divisions.
3º Les frères ou proches parents qui appartiennent à des divisions différentes peuvent se voir à des jours et heures déterminés, avec la permission de M. le Prèfet de division.
ARTICLE I : ON DOIT TOUJOURS ÊTRE AVEC LA COMMUNAUTÉ
1º Si lon a besoin de sabsenter dun exercice, il faut en demander la permission à celui qui préside et le prévenir de son retour.
Quand on se trouve en dehors de la communauté, il faut éviter avec grand soin, tout ce qui est contraire au bon ordre ou ce qui pourrait troubler le silence général, comme de crier, chanter, faire du bruit dans les escaliers, sous le hall et la galerie qui conduit à la Chapelle.
2º Pour aller au dortoir, à la lingerie, à linfirmerie, la permission est réservée à M. le Prèfet de division.
ARTICLE II : ÉTUDE
1º LÉtude commence et se termine par la Prière.
2º On doit se hâter de prendre dans son pupître tous les livres dont on a besoin pour étudier les leçons ou faire les devoirs prescrits pendant la classe.
3º On doit donner à chaque devoir et à chaque leçon le temps assigné par le professeur.
4º Il est défendu de quitter sa place en étude sans en avoir obtenu préalablement la permission.
5º Si lon a obtenu la permission de parler pour demander un renseignement, on doit le faire rapidemment et à voix basse.
6º Tout élève qui arrive en retard en étude, doit prévenir M. le Préfet ou celui qui préside de son retour, présenter son Redeat et faire sa prière en particulier, avant de se livrer au travail.
7º Deux minutes avant la fin de létude, au signal donné, on doit ranger tous ses livres et les remettre en ordre dans son pupître.
ARTICLE III : RANGS
1º Pour se rendre dun endroit à un autre, soit de létude à la récréation soit à la Chapelle, au réfectoire, etc les élèves vont normalement en rang deux à deux, et en tout cas, toujours en silence.
2º On ne doit pas quitter sa place, sous quelque prétexte que ce soit, sans en avoir demandé et obtenu la permission.
ARTICLE IV : RÉCRÉATIONS
1º Les élèves attendent en rangs et en silence que le signal de la récréation soit donné par celui qui doit la présider. Ils doivent éviter de pousser des cris à ce moment.
2º Cest une obligation stricte pour tous les élèves de jouer et de ne pas passer leur temps à des conversations ou à des lectures. Ils sabstiendront de jeux violents, de jeux de mains; ils éviteront les familiarités choquantes, les expressions vulgaires et veilleront à ne pas former des groupes de deux.
3º Il nest jamais permis de quitter le lieu de la récréation sans la permission de celui qui la préside; on doit également le prévenir de son retour. Cet article sapplique à tous ceux qui ont obtenu, pour le temps de la récréation, certaines permissions générales, par exemple : sexercer au piano, à lorgue, se rendre à linfirmerie, etc
4º On doit prendre ses dispositions pour nêtre pas obligé daller dans la salle détude pendant la récréation. Cinq minutes avant la fin de la récréation, les jeux doivent cesser : cela sapplique également à ceux qui sexercent sur les instruments de musique.
5º Au premier son de la cloche annonçant la fin de la récréation, tout bruit doit cesser aussitôt, le silence se rétablir à linstant, et chacun se mettre tranquillement en rang pour se rendre à lexercice prévu par le règlement.
ARTICLE V : RÉFECTOIRE
1º On doit garder le plus grand silence au réfectoire. Quand il est accordé la permission de parler, il faut le faire avec modération et sans crier. Au signal donné à la fin du repas, toute conversation doit cesser immédiatement.
2º Il nest pas permis demporter du pain hors du réfectoire.
3º Après la lecture pieuse faite à la fin du déjeuner et du souper, les élèves répondent Deo gratias, et ils se lèvent sans tumulte pour dire les Grâces.
4º On doit sefforcer dobserver toutes les règles dictées par les convenances, la charité et la bienséance. On juge du caractère dun enfant ou dun jeune homme pendant la récréation, et de son éducation à son maintien à table.
ARTICLE VI : DORTOIR
1º Le silence le plus absolu, lordre le plus parfait et la plus exacte modestie doivent règner au dortoir. Le silence qui est imposé depuis la Prière du soir jusquau lendemain matin après la messe de Communauté, se nomme le Silence Sacré. Cette obligation du silence ne souffre pas dexception, et les élèves qui, pendant la journée et pour des raisons spéciales, se rencontreraient au dortoir, sont rigoureusement tenus de lobserver.
2º Le soir, on se rend au dortoir en rangs et en silence.
3º Si lon a quelque permission à demander, on doit le faire brièvement et à voix basse.
4º Il est défendu de se lever le matin avant le signal de la cloche et de rester couché sans en avoir obtenu lautorisation. Celui qui se sentirait malade, devrait prévenir le surveillant qui en aviserait M. le Prèfet de Division.
ARTICLE VII : CHAPELLE
1º En arrivant à la Chapelle, les élèves ne doivent faire la génuflexion que lorsquils sont arrivés à leur place; on se met à genou que lorsque le signal en a été donné à toute la Communauté.
2º Avant de sortir de la Chapelle, on fait la génuflexion, banc par banc, au moment où les élèves du banc précédent commencent à défiler.
3º Tous les élèves doivent prendre part aux chants de la Chapelle. Ceux que la fatigue de la voix ou toute autre raison empêcherait de chanter, doivent sunir par lattention aux chants éxécutés par la Communauté.
ARTICLE VIII : PROMENADES SORTIES VISITES AU PARLOIR
1º Quand on sort en groupe, on ne rompt le silence quaprès avoir franchi la porte du Séminaire, mais on continue de rester groupé tant quon est en marche.
2º Arrivés au but de la promenade, les élèves écouteront avec attention les recommandations de celui qui préside la promenade, afin de bien connaître les limites quil ne faudra pas dépasser.
3º Nul ne doit franchir ces limites sans avoir demandé et obtenu la permission, la violation de cette règle serait considérée comme une faute très grave.
4º Le temps de promenade est réservé à la marche, au jeu et au sport.
5º Il est défendu dacheter sans permission.
6º Les élèves veilleront avec soin à avoir une bonne tenue. Le laisseraller et le mauvais ton deviendraient facilement un scandale.
7º Les élèves ne peuvent recevoir de visites quau parloir, et seulement aux heures de récréation. A tout autre moment, il faut une permission expresse de M. le Préfet de Division.
8º Les personnes admises à visiter les élèves sont leurs parents, tuteurs ou protecteurs, leurs correspondants, connus de M. le Supérieur et autorisés par lui.
9º Les enfants et les jeunes gens seuls ne peuvent entrer au parloir sans une autorisation spéciale de M. le Supérieur.
10º Les élèves du Grand Séminaire ne peuvent voir leurs anciens condisciples que dans la cour et aux heures de récréation.
11º Les élèves sorties de la Maison ne peuvent visiter leurs anciens condisciples quavec une permission expresse de M. le Supérieur.
12º Les élèves veilleront à ne se présenter au parloir que dans une tenue propre et convenable.
13º Il nest pas permis dintroduire dans la Maison des personnes étrangères ou même des parents, de les conduire au dortoir ou ailleurs, sans une autorisation spéciale.
14º Les élèves peuvent sortir en ville avec leurs familles ou aller dans leurs familles, le dimanche à partir de 11 h 30 jusquà 18 heures en hiver et 18 h 30 en été.
15º Il y a une grande sortie toutes les trois semaines depuis le samedi 16 h 30 jusquau dimanche à 20 h 30 en hiver et 21 heures au troisème trimestre. Le calendrier des sorties familiales est communiqué au début de chaque trimestre.
16º Aucune sortie exceptionnelle ne peut être accordée sans avoir été demandée, plusieurs jours auparavant, auprè de M. le Supérieur. On doit lui faire connaître le motif de la demande et il se réserve le droit de juger de lopportunité de cette sortie.
17º Sauf permission spéciale de M. le Supérieur, les élèves ne sont pas autorisés à passer leurs dimanches ou leurs sorties dans la famille de lun de leurs camarades.
18º Toute absence, tout retard doivent être excusés et légitimés par une lettre remise à M. le Supérieur.
ARTICLE IX : RECOMMANDATIONS GÉNÉRALES
1º Tout livre, excepté les ouvrages en usage dans le Séminaire, doit porter le visa de M. le Supérieur.
2º Il est défendu aux élèves de donner la moindre commission aux employés et aux élèves qui ont obtenu la permission de sortir. Toute infraction à cet article constitue une faute grave et peut même entraîner lexclusion.
3º Il est défendu aux élèves de faire des échanges ou des marchés entre eux, demprunter de largent à leurs condisciples.
4º Tout élève qui a cassé un objet quelconque, doit le déclarer au maître présent à ce moment; il devra, en outre, faire un billet pour M. lÉconome.
5º Tous les effets, livres, cahiers, appartenant aux élèves doivent être marqués à leur nom.
Les élèves trouveront dans toutes ces règles un puissant secours pour leur éducation religieuse, morale et intelectuelle. Si elles sont observées avec ponctualité et esprit de foi, elles les aideront à acquérir les vertus quexige leur sublime vocation.
De plus, ils doivent avoir une horreur profonde pour tout ce qui pourrait corrompre dans les âmes la foi et linnocence. Aussi, cest une obligation et un devoir de charité, rigoureux et sacré pour chacun deux, de protéger la vertu de leurs condisciples contre la perversité de ceux qui seraient capables de se permettre des propos ou des actes contraires à la Foi ou à la Morale.
Or le seul moyen de remédier à ce grand mal et de sauver les âmes en danger, cest de sadresser à celui des maîtres que lon voudra et de faire connaître, simplement, le mal caché quil est indispensable de découvrir pour en détruire la cause.
Reculer devant laccomplissement dun semblable devoir, serait se faire complice du mal et responsable de ses funestes progrè.
1º La punition en général doit être regardée par un enfant chrétien comme une pénitence publique nécessaire pour réparer un scandale ou une malédification donnée à tout le Séminaire. Mais nous nadmettons point quun élève, une fois la pénitence faite, soit entièrement quitte devant la Règle et devant les maîtres : le regret sérieux, la manifestation sincère du repentir, voilà ce que nous voulons trouver dans les garçons.
2º La punition doit être acceptée :
3º Les punitions en usage dans le Séminaire sont les suivantes :
4º Quand tous les degrés de punition ont été épuisés visàvis de lélève, il ne nous reste plus quun moyen de répression, cest lexclusion.
En voici les cas :
Le renvoi dun élève est à nos yeux une mesure excessivement grave. Aussi nuseronsnous de ce moyen extrême de discipline dans le cas précité, que lorsque tout espoir damélioration sera perdu, ou bien lorsque la faute sera telle que lintérêt ou lhonneur de la Maison lexigeront.